Paris, le 15 octobre 2020 – Communiqué de presse Georgette Sand.
L’administration pénitentiaire a adressé un rapport aux responsables interrégionaux de ses services associés à propos de la précarité menstruelle en détention.
Le collectif Georgette Sand a pris connaissance du document et se réjouit de l’importance de cette problématique sur laquelle les membres du collectif travaillent et se battent pour depuis plusieurs années. Rappelons-le, Georgette Sand s’attache avant tout à déconstruire les stéréotypes, renforcer la capacité d’émancipation des femmes et à améliorer leur visibilité dans l’espace public en respectant la diversité de celles et ceux qui composent ce monde.
Nous remercions particulièrement cette administration de reconnaître le fait que les usagers de produits menstruels doivent pouvoir avoir le choix des produits qu’ils ou elles utilisent, que ce soit tampons, serviettes, ou encore coupes menstruelles.
Un budget d’un million d’euros a été voté par les parlementaires français.es pour expérimenter la mise à disposition gratuite de protections menstruelles dans les prisons, les établissements scolaires et dans les lieux d’accueil des femmes en situations précaires. À ce jour, nous attendons toujours de voir des applications concrètes. Qu’est-ce que l’État attend pour agir et mieux aider des milliers de personnes souffrant quotidiennement de précarité menstruelle ?
Aussi, malgré cette reconnaissance, nous déplorons le peu de choix proposés, en l’espèce, ici, aux détenu.es. En effet, l’administration pénitentiaire n’évoque qu’en exemple la marque “Always”, qui ne s’est jamais démarquée pour sa transparence. Côté tampons, nous notons un oubli, ou une omission, des tampons sans applicateurs qui plus est contiennent moins de déchets.
Rappelons-le, nous ne connaissons pas la compositions des protections périodiques “Always” qui appartiennent au groupe Procter & Gamble. Or, nous nous posons de nouveau beaucoup de questions. Qu’est-ce que ce choix insinue ?
Que situation précaire rime avec négligence des produits utilisés. N’est-ce pas suffisant pour le gouvernement de vivre dans des circonstances précaires, il faut aussi que les produits distribués soient de mauvaises qualités ? Il était convenu en proposant une action publique, de briser le tabou, mais à quel prix ? Au détriment de notre santé ? De celle des femmes en lieux privatifs de liberté ? Infligeant des perturbateurs endocriniens à ses utilisatrices ? Les femmes en situation de précarité doivent-elles négliger leurs santés intimes ? Où est la place de la femme dans ce choix imposé ? Quelle est la composition des protections menstruelles distribuées à ces femmes ? Oui à la distribution de protections gratuites, mais pas au prix de notre santé.
Aussi, devons-nous le rappeler, aucun appel d’offre public n’a été fait. L’unique fournisseur américain a, grâce à son réseau et au lobbying, pu convaincre les membres du gouvernement.
Ce manque d’alternatives proposées montre bien un décalage du gouvernement avec les actions locales, nous tenons à mettre en lumière qu’avec la volonté des différents acteurs, les choses bougent. Prenons l’exemple de la start-up française spécialisée dans les produits menstruels éthiques Marguerite & Cie, qui a signé cet été un partenariat de trois ans avec la Région Bretagne, pour fournir des produits menstruels aux femmes incarcérées à Rennes et Brest. A Nimes aussi une initiative se met en place à l’échelle locale.
C’est au niveau national qu’il faut maintenant agir pour lutter contre la précarité en respectant notre corps et notre santé et si on peut aider l’économie française, tout est bénéfique !
De facto, Georgette Sand demande à l’Etat français :
- De ne pas faire appel aux fabricants refusant de communiquer la composition des produits distribués ;
- De mettre en place un appel d’offre ouvert à tous les fabricants de protections menstruelles conditionné à la composition ;
- De fixer un prix unique des protections ainsi qu’une liste de composants exclus ;
- Un accès aux douches plus fréquent, notamment en cas de menstruations (pour l’instant, les douches ne sont possibles que 2 ou 3 fois par semaine)
- Éventuellement, de proposer en plus des culottes menstruelles lavables, qui constituent une alternative plus écologiques aux protections jetables, sous réserve qu’un point d’eau permette ce type de protection.
Également, Georgette Sand demande à l’Union Européenne:
- la mise en place d’un prix unique des protections menstruelles,
- le changement de réglementation impliquant des normes sanitaires,
- l’obligation de contrôles réguliers de la contenance,
- une information européenne sur la question menstruelle auprès des adolescent.e.s.
- une taxe rouge, qui financerait la recherche européenne sur les maladies de femmes, prélevé sur tous les produits menstruels. Dans la mesure où le tabou lié aux règles implique méconnaissance du corps, précarité économique mais aussi insuffisance de la recherche sur les maladies de femmes, notamment endométriose et syndrome des ovaires polykystiques, Georgette Sand préconise une dotation spécifique. En effet, il est anormal qu’en France par exemple, il y ait autant de malades du diabète que de l’endométriose, mais pas ou si peu de recherche sur cette maladie qui existait depuis l’Antiquité.
“Tous égaux face aux règles, en travaillant collectivement dans les règles de l’art et surtout si elles sont saignantes!”
Contacts Presse :
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Fayrouz Lamotte : +33 6 46 73 00 74
Pour aller plus loin :
Communiqué du 12 février 2020 : Tout reste à faire pour éradiquer la précarité menstruelle
Questionnaire remis à la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale, automne 2019.
Ces notes intègrent les principales revendications de Georgette Sand, avec un focus sur les questions liées à la précarité menstruelle en milieu carcéral.
Communiqué du 28 octobre 2018 : les règles ne sont pas du luxe ! Action Fleury is the New Vendôme