Le congé menstruel, qu’en penser ?


Analyse / jeudi, juin 29th, 2023

Le collectif Georgette Sand est régulièrement auditionné par les institutions depuis plusieurs années sur les questions de précarité menstruelle. Le collectif Georgette Sand partage donc ses recommandations sur le sujet très maladroitement appelé « congé menstruel ».

congé menstruel

Georgette Sand est régulièrement sollicitée depuis 2015 sur le sujet de la santé menstruelle par les organisations politiques et syndicales. Emerge depuis quelques années un débat sur ce que l’on appelle le congé menstruel. Ce dernier permettrait-il une meilleure prise en compte par la société des douleurs menstruelles ?

Après des passages en universités d’été (EELV, Toulouse 2019), en webinaires ou encore dans les médias : Pour ou contre le congé menstruel ? Welcome to the jungle, juin 2021, débat avec Elise Thiebaut de Ceci est mon sang (La Découverte) et Ophélie Latil, fondatrice de Georgette Sand, le groupe Règles du collectif, avec notamment Marie-Paule Noël, a été sollicité dans le cadre préparatoire d’un projet de loi sur le sujet par la députée LREM Albane Gaillot en août 2021, et sollicités par de nombreux médias (Le Monde, Libé, L’Obs, France info).

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le collectif Georgette Sand devant l’Assemblée nationale.

Quels sont les arguments avancés dans ce cadre ?

En juin 2021 une SCOP de Montpellier a lancé la possibilité pour les femmes de la structure ayant des douleurs menstruelles de prendre des jours de congé supplémentaires. De là, une forte médiatisation. Question : serait-ce la solution, dans un contexte national où la précarité menstruelle est aujourd’hui bien plus prise en compte qu’il y a 6 ans ? Alors nos premières actions sur le sujet et notamment notre fameuse Campagne TamponTaxe qui a fait péter la TVA sur les protections menstruelles (tampons, serviettes, coupes) étaient vues comme terriblement sulfureuses, mais aujourd’hui ?

En 2022, l’Espagne a proposé une loi en ce sens, permettant d’avoir un arrêt de travail sur prescription médicale. En 2023, des élus au Sénat et à l’Assemblée se sont lancés dans des projets sur le sujet – mais sans entendre la société civile et un certain nombre d’expertes sur le sujet, ce qui est comme toujours un peu dommage).

Globalement, Georgette Sand propose :

Que l’on se félicite, déjà, de faire du sujet de la santé des femmes et notamment de la question menstruelle un sujet de débat public, qui atténue le tabou autour des règles

  • de questionner cependant la notion même de « congé menstruel ». L’idée, forte aimable au départ, est que les femmes qui ont des règles très douloureuses ou abondantes puissent ce jour là éviter d’aller travailler. Sur le principe c’est super bien sûr. Mais. Questionner que cela ne règle pas tout, car on renvoie les femmes chez elles sans s’attaquer aux symptômes des douleurs menstruelles, lesquelles ne sont pas, mais alors absolument pas une fatalité. Les douleurs menstruelles ne sont pas systématiques. On ne parle pas de syndrome pré menstruel mais bien de douleurs qui parfois incapacitantes nécessitent d’être diagnostiquées et prises en charge.

Georgette Sand demande :

  • Un retour sur expérience derrière les communiqués de presse et les annonces.
  • Un cadre légal, avec un respect du secret médical, sans jour de carence
  • Un grand plan de recherche sur le sujet des douleurs de règles, hormonales et la santé des femmes
  • Que le « congé » soit une « autorisation spéciale d’absence » et surtout pas un « congé menstruel » 
  • Le respect des cours d’éducation sexuelle sur les stéréotypes et discriminations, permettant de ne pas traiter l’appareil reproductif uniquement par le prisme de la reproduction.
  • La pilule gratuite pour toustes !