Journée mondiale de l’hygiène menstruelle


Presse Georgette / lundi, juin 15th, 2020

A l’occasion de la Journée mondiale pour l’hygiène menstruelle, le 28 mai, Georgette Sand participait à un live instagram sur la révolution menstruelle : l’occasion de rappeler certains fondamentaux, mais aussi quelques promesses gouvernementales. 

Chez Georgette Sand, la question de l’économie  menstruelle est une problématique constante. En effet, dès 2015 le collectif défendait l’importance de faire de ces produits des biens de première nécessité, soit avec une TVA abaissée, ce que nous avons fini par obtenir dès le mois de novembre de la même année, en mobilisant l’ensemble du paysage social sur le sujet. 

A l’heure où nous vous parlons, 330 millions de femmes dans le monde ont leurs règles. Pourtant, beaucoup n’ont toujours pas accès à des protections et font face à des réactions violentes, les règles étant encore vues comme un tabou dans de nombreux pays, y compris en France.

C’est la raison pour laquelle nous avons effectué des demandes répétées auprès du gouvernement et du Parlement français pour diminuer la précarité menstruelle. Cela passe par une action publique d’éducation, de diffusion et de contrôle de la qualité des produits diffusés, mais ce n’est pas si simple. 

Tout d’abord, nos demandes pour une obligation des fabricants à divulguer les composés de leurs produits leurs pourcentages sont ignorées, par les fabricants comme par la Ministre d’Etat, Marlène Schiappa, qui a pourtant reçu sans se faire prier la multinationale américaine Procter et Gamble, et nous ignore royalement.

Le collectif Georgette Sand a dû de ce fait faire preuve de pugnacité pour être reçu par une conseillère, la 18ème depuis la prise de fonction de notre sympathique représentante, et insiste pour que ses revendications soient écoutées. Nos revendications sont en effet dans le rapport sur la précarité menstruelle. Cependant, étrangement, notre nom n’est pas toujours cité en face. Il semblerait bien qu’elles soient devenues des propositions ministérielles ! 

Nous avons été gentiment ignorées, comme bien d’autres associations, lorsque nous avons demandé à être présentes à la présentation du dernier rapport sur la précarité menstruelle suite au travail de la commission des lois. En soi, pourquoi pas, mais certains gros fabricants, eux, ont visiblement un pass entrée et sortie régulier… Comment ça ? Nous insinuons que la société civile a moins de poids en macronie que les multi nationales polluantes ?

Pendant ce temps là, Georgette Sand, pépouze, communique sur les réseaux sociaux, conseille, anime des stands dans des festivals (quand ils ont lieu). Nous avons même dû rappeler durant le confinement que légalement, il est impossible de mettre une amende à une personne sortie acheter des tampons car pour la énième fois, il s’agit d’un bien de première nécessité (Pas comme le Côte du Rhône, même si bon). Et là dessus, même Schiappa nous a donné raison quand nous l’avons interpellée.

Dans une galaxie parallèle, des membres du gouvernement signent une tribune appelant “à briser le tabou des règles”. Nous félicitons le club des quatre (Quatre secrétaires d’Etat : Marlène Schiappa, Brune Poirson, Agnès Panier-Runacher et Christelle Dubos) qui grâce à notre travail, se saisissent du sujet, sans cependant nous associer, nous citer, échanger avec les diverses associations et structures qui œuvrent depuis des années sur la question.  Le manuel de la gestion politique a du être cramé le soir des élections en mai 2017 et remplacé par « le manuel de la spoliation sans vergogne ».

Cependant, cette prise d’initiative n’est pas sans nous inquiéter :
en effet, le risque que l’on sent clignoter, carnous les avons averties mais n’avons jamais de déni sur le sujet : que la secrétaire d’Etat choisisse Procter & Gamble ou autre machine infernale comme fournisseur officiel de l’Etat français (y compris dans les lieux privatifs de liberté, comme l’univers carcéral), bien que cette multinationale refuse de communiquer la composition de ses protections menstruelles. 

Il était question, en proposant une action publique, de briser le tabou, mais à quel prix ? Au détriment de notre santé ? De celle des femmes en lieux privatifs de liberté ? Infligeant des perturbateurs endocriniens à ses utilisatrices ? Les femmes en situation de précarité doivent-elles négliger leurs santés intimes ? Où est la place de la femme dans ce choix imposé ? Quelle est la composition des protections menstruelles distribuées à ces  femmes ? 

De facto, nous demandons à l’Etat français: 

  • De ne pas faire appel aux fabricants refusant de communiquer la composition des produits distribués;
  • De mettre en place un appel d’offre ouvert à tous les fabricants de protections menstruelles conditionné à la transparence de composition, forcément organique;
  • De fixer un prix unique des protections ainsi qu’une liste de composants exclus et ce après avoir surveillé les prix (que l’on ne se retrouve pas avec une inflation partout) ;
  • Éventuellement, de proposer en plus des culottes menstruelles, serviettes lavables, coupes menstruelles, qui peuvent constituer une alternative plus écologiques aux protections jetables lorsque l’infrastructure accueillant les publics visés le permet.

Egalement, nous demandons à l’Union Européenne:

  • De renforcer les règles sanitaires sur ces produits;
  • D’instaurer une taxe sur les produits d’hygiène et de beauté qui viendrait par exemple alimenter un fonds aidant à la recherche concernant les différentes maladies féminines. 

Tous égaux face aux règles, en travaillant collectivement dans les règles de l’art et surtout si elles sont saignantes! 

Contact@georgettesand.com

Communiqué rédigé conjointement par Fayrouz Lamotte, Olivia Frénoy, Aurélie Toupin et Ophélie Latil.