Communiqué Georgette Sand – Paris, le 17 octobre 2019
En cette Journée Mondiale du refus de la misère, les éminentes membres de Georgette Sand étaient invitées hier au Secrétariat d’état à l’égalité F/H et à la lutte contre les discriminations de presque bon matin, pour assister à la remise du rapport de la sénatrice Patricia Schillinger sur l’état de la précarité menstruelle en France.
Pour la petite histoire, ce rapport a été commandé par Marlène Schiappa fin mai dans le cadre de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, journée lors de laquelle elle n’avait rencontré que les fabricants de protections menstruelles, Johnson & Johnson ou Procter & Gamble pour ne pas les citer. Aux oubliettes de la startup nation, donc, les associations et ONG œuvrant sur la question depuis des années…
Georgette Sand, qui a lancé en France le débat sur la précarité menstruelle en 2015 en demandant la suppression de la fiscalité inique taxant les produits menstruels comme des produits de luxe et non des biens de première nécessité et obtenu le passage de la TVA de 20 % à 5 % de celle qu’on a alors surnommée la » taxe tampon », a vu rouge et sollicité au pied de biche virtuel une audition au Secrétariat d’état. Là-bas, il paraît que personne ne savait que des associations avaient œuvré au sujet avant l’arrivée au gouvernement de Marlène Schiappa qui, telle Vénus sortant des eaux, était arrivée bâton de connaissance dans une main et épée de justice dans l’autre.
Au final, qu’en penser ?
Ce rapport comporte plein de bonnes idées, normal, nombreuses sont les nôtres présentées lors des auditions obtenues en juin auprès de la sénatrice Patricia Schillinger, et en septembre à l’Assemblée Nationale.
Car Georgette Sand ne manque pas d’idées favorisant l’émancipation notamment financière des femmes, qu’il s’agisse des écolières, des étudiantes, des femmes qui travaillent, ou pas, des femmes sdf ou des femmes en lieux privatifs de liberté (prisons, hôpitaux, etc.)…
Pour rappel, Georgette Sand revendique en priorité :
- Un soutien aux élèves dès l’école primaire avec une éducation au tabou des règles, des protections en libre disposition, des accès aux toilettes facilitées, et chose bête, des poubelles !
- Un soutien aux publics dont l’accès est le plus délicat : femmes vivant dans la rue, femmes en lieux privatifs de liberté (prisons, centres de rétention, hôpitaux psychiatriques) ou en situation de pauvreté.
- Un soutien financier avec la mise en place d’un prix unique des protections menstruelles qui empêche les marges des distributeurs, les boîtes de tampons à 10 euros dans les pharmacies gérées par des hommes qui vous rient au nez quand vous leur faites la remarque, ou les marges sur les tampons sur le dos des prisonnières (vraiment, surtaxer à 90 % les protections de femmes indigentes incarcérées, est-ce bien élégant ?)
- Contrôler les fabricants qui refusent depuis 4 ans de fournir la composition de leurs produits, mais sont reçus dans les institutions pour expliquer tout le bien qu’ils font, distribuer des serviettes aux élèves parfumées à la perle de nacre du Japon et essayer d’aller faire de la prévention aux élèves. Georgette Sand refuse cette entrée des multinationales dans l’enseignement et demande 1) que leur accès soit interdit 2) que toute commande publique conditionne l’obtention du marché à la proposition de produits bio, à une fabrication contrôlée, à la divulgation de la composition exacte des produits
- Éduquer élèves et grand public sur le tabou des règles et les idées reçues, certaines très saugrenues : ainsi, Georgette Sand reçoit régulièrement des mails accusant les femmes d’être “responsables à cause de leurs pilules de la disparition des poissons dans la mer”…
Les mesures liées à la précarité menstruelle des publics défavorisés et aux élèves sont bien intégrés dans ce rapport. Mais comme le souligne Marie-Paule Noël, en charge des questions liées à la précarité menstruelle chez Georgette Sand : « nous ne comprenons pas : cela fait des mois que nous demandons la suppression des surmarges en prisons, qui conduisent certaines femmes à se mettre des bouteilles de plastique dans le vagin. Et pas de réponse à nos mails. Qu’attendent-ils ? »
De manière générale, si nous sommes contentes à la lecture de nous voir partout, et même citées UNE fois en bas de page (youhou, c’est déjà ça), nous restons sceptiques quant à la mise en œuvre. C’est bien gentil de proposer une grand plan de distribution de protections menstruelles mais où est cet argent, d’où vient-il et quand sera-t-il déployé ? Il n’y a pas d’agenda. Par ailleurs, comme le souligne Ophélie Latil, fondatrice de Georgette Sand, »nos questions sur le contrôle des grosses industries et la garantie qu’il ne s’agit pas d’une manne financière pour eux ont été gentiment éludées. Deux fois’‘.
Bref, heureusement qu’il y avait à cette remise des interlocutrices de qualité comme Sandrine Rousseau, à l’initiative de la distribution de kit règles à l’Université de Lille, et Gaële le Noane, qui propose avec Marguerite et Cie les premiers distributeurs de protections bio et compostables… ainsi que d’autres associations œuvrant sur ce sujet de la précarité menstruelle.
Bravo à nous toutes, et STAY TUNED.
Contact presse :
Marie-Paule Noël 0687274877 Ophélie Latil 0667117751 Marguerite Nebelsztein 0684561764