4 mars 2024 – Paris Georgette Sand, qui a soutenu la constitutionnalisation de l’IVG et le formidable travail des associations féministes et leurs relais institutionnels, était en direct au Trocadéro ce lundi.
Et c’était un très beau moment de solidarité et de cohésion !
Nous avons assisté à des discours, à la lecture par Anna Mouglalis du Manifeste des 343 – le fameux rebaptisé par Charlie Hebdo « Manifeste des 343 salopes » (lien ici)
Et nous avons toutes hurlé de joie quand le vote retransmis par écran géant a annoncé le vote en Congrès à Versailles.
La Tour Eiffel s’est illuminée en direct et a scintillé de bonheur !
L’avortement libre et gratuit est un long chemin. Les femmes ont toujours avorté. Mais lors que la loi sur l’IVh portée par Simone Veil passe, c’est avant tout parce que les chiffres montrent qu’en France, dans les années 1970, 5000 femmes meurent chaque année des conséquences d’un avortement mal fait, dans des conditions d’hygiène et de suivi qui abiment la santé des femmes, voire les tuent.
Alors, le territoire est rempli d’initiatives féministes comme le MLAC Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception créé en 1973 pour demander l’avortement dans la loi.
La plaidoirie de Gisèle Halimi à Bobigny est également un coup de cutter dans l’idée que les hommes n’ont pas à décider pour les femmes de ce qu’elles peuvent ou non faire de leur corps.
Pour les 40 ans de l’IVG en janvier 2015, les membres de Georgette Sand étaient dans la rue, souvent, avec leurs mères, pour célébrer cette mesure des droits des femmes. Tout en étant lucides : les territoires sont inégaux dans l’accès à l’avortement, les déserts médicaux, la fermeture des centres, et le non remboursement de certaines contraceptions font que tout n’est pas joué aujourd’hui. Sans oublier les faux numéros verts que l’on appelle pour avoir des renseignements, et qui sont en réalité des faux numéros derrières lesquels se cachant des militants anti droits qui vous expliquent que vous irez en enfer et que votre conjoint vous quittera.
Ce soir au Trocadéro, nous étions nombreuses à chanter l’Hymne des femmes, mais aussi à rire, et à pleurer, toutes générations confondues.
Notamment un bel échange avec une ancienne militante du MLF nous disant « je suis contente pour vous les jeunes » et nous « et bravo à vous qui avez tant attendu ».
Saluons tout le travail des associations féministes, infatiguables, sur le sujet. Ce sont elles qui sont sur le terrain et verbalisent depuis des années cette demande d’inscrire l’IVG dans la Constitution française. Ce sont les associations, corps intermédiaires de l’Etat, qui ont eu gain de cause et qui peuvent être fières de leur travail, et du fait que nous somme le premier pays à protéger ainsi ce droit, si menacé partout dans le monde.
On a remarqué la propension du gouvernement et des élus nationaux à s’approprier cette victoire comme la leur… N’invisibilisons pas les luttes féministes en les donnant aux institutions, qui ont la chance d’avoir un micro toujours tendu lorsqu’elles veulent se faire mousser pour le travail de terrain des associations qui sont toujours là, malgré les coupes budgétaires et la fatigue !
Et rappel : si Macron veut vraiment être féministe, il pouvait le mois précédent accepter dans la directive européenne sur les violences sexuelles d’intégrer la notion de consentement à la définition du viol. Et en Europe, seuls deux pays ont refusé de l’intégrer. La Hongrie, d’extrème droite, et la France. Lien vers un article du Monde sur le sujet ici.
Bref, l’IVG dans la Constitution est un beau message, cela ne financera pas les déserts médicaux et si un jour un gouvernement décide qu’il refuse ca il peut toujours changer de Constitution, donc on peut parfaitement questionner la solidité de la mesure.
Mais ne boudons pas ces moments de partage et ce sentiment d’avoir vu un moment important pour les droits des femmes.