[communiqué Georgette Sand, mercredi 30 octobre 2019] Ce mercredi, place Vendôme, Georgette Sand a rappelé que les règles ne devraient pas être un luxe.
Nos militant.e.s ont interpellé en musique et combinaisons orange la secrétaire d’Etat à l’égalité F/H Marlène Schiappa, et la Ministre de la Justice Nicole Belloubet sur la précarité menstruelle en prison.
Pour rappel :
Le 17 octobre, la sénatrice Patricia Schillinger a remis un rapport sur la précarité menstruelle faisant état de la situation catastrophique de la gestion de règles en prison (voir notre communiqué en réaction). Notre dénonciation de la situation est bien présente dans ce rapport, mais nos revendications n’ont fait l’objet d’aucun agenda, budget, assurance de mise en place.
Notre note sur le sujet de la précarité menstruelle, avec focus sur les établissements pénitentiaires
QUEL EST LE PROBLÈME ?
Les détenues représentent 3,6 % de la population carcérale, elles sont largement invisibilisées lorsque l’on parle des conditions de détention en milieu carcéral. Les femmes comme les hommes dans les prisons françaises doivent “cantiner” certains produits : thé, café, savon… Les femmes doivent de plus cantiner des produits de première nécessité comme les protections menstruelles, lesquelles ne sont pas en libre distribution, en payant parfois plus de 3 fois le prix usuel, car les établissements pénitentiaires qui n’ont pas de fournisseur officiel se fournissent souvent au supermarché du coin. Fleury, Rennes, Nice… Les marges pratiquées sont parfois scandaleuses. Ceci d’autant plus que beaucoup de femmes en prison sont précaires, qu’elles peuvent moins travailler que les hommes, qu’elles sont moins soutenues financièrement par leurs familles que beaucoup d’hommes incarcérés.
“Cantiner” leurs protections périodiques à des prix largement au-dessus de ceux pratiqués à l’extérieur nous paraît scandaleux, discriminatoire, et contraire à ce que Georgette Sand avait obtenu en 2015 : l’assurance que la TVA passée de 20 à 5, 5 % sur ces produits serait l’indicateur du fait qu’il s’agit de produits de première nécessité, de facto non surtaxés. Las, il s’agit visiblement d’une manne financière pour certains établissements pénitentiaires…
La Chancellerie se refuse à rendre public les tarifs des cantines.
Selon les chiffres que nous avons pu obtenir, l’augmentation des prix oscille entre 94 % et 289 % par rapport au prix du marché alors même que les détenues sont toujours dans des situations financières précaires.
Exemple de prix en prison :
- Tampax Pearl Compak boîte de 16 tampons = 6,97 €
- Serviette hygiénique par 12 = 5,81 €
Exemple de prix dans le commerce :
- Tampax Pearl Compak boîte de 18 tampons = 3,05 € – Carrefour
- Tampon sans marque, boîte de 20 tampons = 1,79 € – Leclerc
- Auchan Serviettes Maxi Super par 16 = 1,65 € – Monoprix
Georgette Sand refuse que les utérus soient une manne financière et que la question menstruelle devienne un enjeu de santé dans l’univers carcéral
Ces surmarges impactent directement la santé des personnes détenues, qui pour certaines se fabriquent des coupes menstruelles avec des bouteilles en plastique ou des serviettes en torchons.
NOS DEMANDES ET CALENDRIER
Afin que cesse cette forme de précarité en établissements pénitentiaires, Georgette Sand demande :
Dans un premier temps :
- que soit créé un bloc hygiène féminine avec des prix préférentiels calqués sur les prix du monde extérieur sans aucune marge ; en respect de la règle pénitentiaire européenne N° 19.7 qui impose au système pénitentiaire le fait que “des mesures spéciales doivent être prises afin de répondre aux besoins hygiéniques des femmes”.
- la suppression IMMÉDIATE des surmarges sur les produits menstruels ; un document officiel à destination des établissements pénitentiaires demandant que les marges soient supprimées ;
- La mise en place d’une cantine liée à l’hygiène féminine à prix coûtant selon le même principe de discrimination positive qui a déjà été mis en place pour le respect de la liberté de conscience (bien la preuve que c’est possible), donnant la possibilité de cantiner des gels au PH neutre et hypoallergénique au même prix qu’à l’extérieur ;
- Que Georgette Sand soit intégrée aux prochaines visites institutionnelles des prisons de Fleury et Rennes.
Dans un second temps :
- la mise à disposition de protections menstruelles par le biais d’un distributeur, à la condition que ce fournisseur mette à disposition des protections bio et écologiques, car Georgette Sand veut l’assurance qu’il ne va pas s’agir d’une manne financière pour les grosses entreprises qui vont fournir leur invendus bourrés de substances toxiques ;
- La possibilité pour les détenues d’avoir accès rapidement aux soins gynécologiques ; puisque bien sûr, l’accès à des médecins spécialistes est une rareté.
Dans l’hypothèse où ces mesures ne seraient pas prises rapidement, Georgette Sand Nous propose de déplacer la prison pour femmes place Vendôme, puisque cantiner des protections c’est du luxe… De plus, le Ministère de la Justice y possède ses quartiers… Une manière comme une autre de rappeler Madame Belloubet à ses fonctions ministérielles ?
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