Le collectif Georgette Sand défend l’idée qu’on ne devrait plus s’appeler George pour être prise au sérieux. Il s’attache à déconstruire les stéréotypes, renforcer la capacité d’émancipation des femmes et à améliorer leur visibilité dans l’espace public afin que dès l’enfance, filles et garçons puissent connaître la diversité de celles qui composent ce monde.
Mixte et horizontal, ses actions sont majoritairement en ligne, collaboratives et utilisent l’humour comme vecteur de changement, pour modifier les représentations féminines au niveau individuel, socio-culturel et économique.
Manifeste
Chaque année, 139,4 milliards d’euros* sont dépensés pour éduquer et transmettre un savoir faire et des connaissances à des millions de mains et de têtes laborieuses. Pourtant, cet investissement est gâché : en entreprises, associations et administrations, le pouvoir reste très majoritairement réservé aux hommes. Cette exclusivité influe sur la hiérarchie, les salaires, et la possibilité de valoriser les compétences des femmes. Femmes qui disposent de moins de 30% du temps d’antenne dans les médias où elles restent cantonnées à des rôles de victimes ou de témoins, sans accéder au statut d’expertes.
Serait-ce l’insuffisance de modèles féminins et l’omniprésence des hommes blancs, bien portants et aux cheveux gris qui empêchent les femmes de massivement accéder aux postes à responsabilités ?
OUI, c’est notre conviction profonde !
La présence des femmes se raréfie dès lors que le prestige, le salaire et les responsabilités croissent. Les quelques femmes de pouvoir servent de faire-valoir alors que les statistiques de sous-féminisation sont accablantes. Celles qui arrivent à occuper une place à hauteur de leurs compétences après un parcours digne de Beatrix Kiddo dans Kill Bill, pensent souvent que les méritantes suivront aisément leur voie. C’est sous-estimer la force des réseaux masculins qui leur permettent de truster les places d’influence. Tant que la méritocratie n’aura pas pris le pas sur l’entre soi, les femmes devront sortir le sabre pour être reconnues !
Alors que l’on parle d’égalité, on continue d’entendre à la machine à café qu’une femme a eu sa place parce qu’elle a couché. Aussi longtemps que les femmes seront définies comme désirables et non désirantes, elles resteront figées dans une posture d’autocensure.
Nous voulons surmonter le fait que George Sand ait dû, afin de forcer les limites imposées aux femmes, s’habiller en garçon, et cacher jusqu’à son nom pour s’émanciper, tant sexuellement qu’économiquement. D’où notre appellation : Georgette Sand, car faut-il vraiment s’appeler George pour être prise au sérieux ?
Ne trouvez-vous pas absurde de ne pas valoriser le potentiel des femmes, parce qu’il s’agit d’un monde d’hommes ? Que les femmes manquent encore de réflexes solidaires entre elles ? qu’elles ne soient pas assez légitimées dans leur expertise ou respectées dans leur parole ?
Nous ne voulons plus, ne pouvons plus rester la majorité minorisée, ni avoir à singer les hommes, ou encore jouer l’hyperféminité. Et nous voulons des hommes dans ce combat afin qu’eux aussi combattent la masculinté unique qui leur est imposée.
Nos ambitions :
- transformer la place des femmes dans l’espace public.
- combattre les visions essentialistes qui considèrent comme naturelles l’assurance des hommes et la réserve des femmes alors qu’il s’agit de la traduction d’acquis éducatifs.
- Transgresser et subvertir les normes de genre.
- aider les femmes à se projeter sur ce qu’elles ont toujours connu décliné au masculin, casser les schémas qui nous définiraient en fonction de nos origines sociales, ethniques, religieuses, ou qui nous enfermeraient dans des carcans du fait de notre santé, de notre métier, de notre physique ou de notre orientation sexuelle.
- imposer une légitimité qui découle des compétences et non de la perpétuation de l’endogamie.
Femmes et hommes sont égaux, enfin, ils doivent le devenir.
Halte au gâchis !
*source : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche.